144 LA VOIX LIBRE ET SES RENFORCEMENTS

forte pression expiratrice, cette voix de poitrine,
surtout dans sa partie grave, ne cause aucune gêne
locale ou générale, et ne coûte pas beaucoup plus
que la voix libre elle-même.
Mais à mesure qu’on s’élève, ce renforcement doit
s’accommoder à une tension plus grande des cordes
et par conséquent à une plus forte poussée d’air; et
l’effort vocal, tout en étant distribué à un grand
nombre et même à un plus grand nombre de muscles
que précédemment, se fait sentir; et en même temps
que nous sentons que notre voix se tend, nous
sentons aussi que nous poussons. Les cordes et les
parois vocales sont plus tendues, loul l’appareil
glotlique est plus conlraclé. De plus, à ces sonorités
plus aiguës, de plus peliles cavités pneumatiques
conviennent mieux, et loul concourt à
demander l’effet de renforcement à des parois cer.,
vicales plus élevées; la paroi pharyngée se subslilue
peu à peu aux parois thoraciques dans le renforcement
de ces sonorités et périodicités plus
courtes. La physionomie de notre voix prend un
caractère de plus en plus cervical, le renforcement
est pharyngien, la voix devient une voix de gorge,
de plus en plus nettement à mesure que nous nous
approchons dufa8
•
A ce niveau, le renforcement thoracique abdique;
la périodicité vibratoire est assez courte pour ne
plus gagner au renforcement de vastes cavités
pneumatiques, et la contraction de la paroi ne peut
se maintenir à l’unisson de la contraction glottique,
à moins de tendre la voix, de la serrer et aussi de
pousser, ce qui accumule les gènes, trouble la circulation
de la région glottique, altère facilement le
timbre vocal et expose à l’entorse glottique.