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256 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

On ne sait plus, en général, cultiver les voix. Et
non seulement on ne sait plus les développer, mais
il semble qu’on ne sache plus même les conserver,
car il s’en perd chaque jour plus qu’il ne s’en forme.
Les qualités les plus naturelles de la voix, celles
auxquelles il serait si facile de ne pas loucher, sont
annihilées par l’enseignement avec une réell~ férocité.
Tout le’ monde ne peut savoir cultiver et entraîner
une voix de qualité ; mais garder aux moindres
voix leurs quelques caractères de validité, est-ce
réellement si difficile?
Une voix bien placée, et surtout bien sortie, outre
qu’elle remplit mieux toutes les exigences lyriques
et scéniques, est aussi la plus naturelle et la plus
sûre, la plus solide des voix. Or, de telles voix sont
rares. J’en connais quelques-unes sur nos scènes
parisiennes, une seule au Conservatoire; nos scènes
lyriques en sont presque totalement dépourvues.
Paris n’a pu, récemment, fournir un bon ténor de
rechange pour le Crépuscule des Dieux, pour Tristan,
pour la Damnation de Faust. L’ancien répertoire
classique, qui exigeait de belles voix et les
faisait valoir, n’est plus chanté ; le moderne n’a
comme interprétation qu’un assez mauvais ordinaire.
La plus belle voix de nos théâtres, dans
Orphée, exaspérait par un manque absolu de tact
artistique. Les quelques voix de réelle valeur qu’a ,
pu connaître notre génération se dëssèchent et
Lombent, comme de·s feuilles mortes, après quelques
années d’Opéra, ou s’envolent vers les Amériq•
es. Qui peut se flatter d’avoir entendu dans le
quatuor de la Neuvième Symphonie quatre, trois ou
même deux beJ~ea voix? Les choeurs de l’Opéra
sont une ~bomination. Allons-nous d’ailleurs mainj