257 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

tenant aux concerts, aux théâtres avec l’idée que
nous entendrons une ou plusieurs belles voix, un
ou plusieurs bons chanteurs? Nous n’y pensons
même plus. Nous allons voir Lelle pièce, entendre
telle musique, heureux si l’exécution n’en est pas
trop défectueuse. Et que sera-ce demain, à en juger
par les derniers concours du Conservatoire?
Et pourtant les belles voix sont payées extrêmement
cher sur le marché international. L’offre
et la demande de voix sont énormes; mais entre
l’offre et la demande, un terrible intermédiaire est
embusqué, l’enseignement actuel du chant. Il y a
une infinité d’apprentis chanteurs; mais il y a aussi
beaucoup de professeurs, – privés et publics, –
presque tous chanteurs invalidés par l’enseignement
dont ils perpétuent les méfaits. Le professeur
privé a un intérêt direct à accueillir tous les élèves
et à leur trouver une voix qui vaille la peine d’être
cultivée. Tous ceux qui chantent et apprennent à
chanter n’ont pas forcément une jolie voix ;
mais tous ceux qui apprennent l’escrime ou la
gymnastique ne sont pas non plus pour cela forcément
des athlètes. Néanmoins nous n’admettrions
pas qu’après six mois, un an de gymnastique,
notre force et notre habileté ne se fussent
pas accrues dans une sensible proportion. Or, en
six mois d’études, il y a certainement au moins
autant de voix fatiguées, tronquées, déplacées
ou éteintes qu’il y en a de développées, de fortifiées,
d’embellies.
A côté de l’enseignement privé qui accu~lle
toutes les voix, l’enseignement officiel fait une
sélection. En théorie, nous pouvons admettre que
toutes les voix admises à entrer au Conservatoire