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267 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

chanter plus de vingt minutes de suite, ce qui
modère un peu l’action stérilisante de la méthode.
Certains font chanter bouche fermée. ce qui,
paraît-il, pose merveilleusement la voix; d’autres
appuient une cuiller sur la langue; ici, on chante
avec une petite olive montée sur un manche et
introduite derrière le voile du palais, et l’on pousse
des sons forcément inarticulés, une cuvette sur les
genoux; là, on chan te sous cloche ; là, on électrise,
etc. Les maitres sont convaincus de la supériorité
de la méthode, les éléves aussi, tout est pour le
mieux. Mais non seulement la phonation est compromise,
l’émission encore est tronquée et l’articulation
émoussée. La même phrase, parfaitement
compréhensible à dix mètres quand elle est parlée,
ne l’est plus à la même distance quand elle est chantée,
même dans le médium, c’est-à-dire dans cette
partie de la voix qui est normalement exploitée
par le langage. – Dès qu’il chante, le chanteur
affecte en général un parler stupide : les syllabes
muettes sont accentuées; toutes les syllabes ont la
même force, même quand le compositeur a tenu
compte de la phonétique du langage pour sa mélodie.
Dans la phrase : « J ‘ai perdu mon Eurydice »,
le ce terminal est invariablement accentué de toute
la force qui reste à la voix et a de droit, dans le
chant, l’éclat de la syllabe la plus favorisée. Ce
qu’un e muet est capable de prendre de force et de
timbre dans le chant actuel est inimaginable; le
texte est incompréhensible le plus souvent; la rime
n’a plus physionomie humaine ; le chant perd toute
significa tion verbale; il est rarement dramatique
et pas toujours musical.
L’élève croit ~voir appris à chanter; il n ‘a pas