270 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

et les défauts, la critiquer, la modifier, la former,
en nous donnant à nous-mêmes les meilleurs conseils
et en nous appliquant avec lucidité ceux de
nos maîtres.
La première qualité d’une voix est de porter,
c’est-à-dire d’aller où elle doit aller. Envoyer la
voix, la faire résonner à une distance donnée est
plus facile que de faire résonner en soi, en poitrine,
en gorge, en tête, dans le masque, etc. Il suffit en
réaliter d’y penser et de s’écouter. Quand la voix
porte, elle nous semble légère, d’un maniement
facile et d’une plus grande liberté; elle trouve plus
aisément toute son étendue et toutes ses nuances.
Il ne faut pas huit jours, pour habituer un acteur,
un chanteur, à porter sa voix où il veut, en écho,
et à l’entendre comme si elle lui était étrangère.
Quand ceci est obtenu, le reste s’acquiert par des
exercices méthodiques, peu nombreux et simples.
Si l’élève est assez prudent pour travailler la voix
qu’il a et non pas celle qui lui manque, il doit la
doubler bientôt comme force, comme portée,
comme correction et comme souplesse. Combien
perdent leurs notes de passage, puis tout leur
médium, en se cramponnant à des notes extrêmes
qu’ils ne savent pas longtemps garder et auxquelles
ils sacrifient la beauté de leur émission ! Ils auraiênt
aisément et progressivement acquis ces notes
extrêmes, en développant avant tout la portée naturelle
de leur voix et en étendiant peu à peu ses
limites.
Il faut toujours rester dans le commode et le
facile : le reste vient de soi. Qui s’attache au difficile
perdra bientôt tout. Il faut aussi rester dans le naturel,
et surtout dans l’inconscient. Combien d’élèves