Dernières nouvelles
Accueil / APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX / 272 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

272 APPENDICES. LA CULTURE DE LA VOIX

ol sa méthode classique. Je pus les entendre
successivement de près, à l’orgue, puis de loin,
derrière le choeur. De près, l’un d’eux avait une
voix vibrante et puissante, qu’il semblait pouvoir
à peine contenir; tout tremlllait en lui et près de
lui. La voix de l’autre, qui était M. Faure, au contraire,
paraissait.se détacher légèrement, sans effort,
sans vibration, mince et sans robustesse; il respirait
tranquillement, à peine plus largement que
pour parler; sa face ne se congèstionnait pas aux
endroits difficiles, el il donnait l’impression d’un
homme qui accomplit le plus simple et le plus
indiOEérent des exercices. Mais de loin, le premier
s’entendait peu; sa voix ne portait que dans certains
accents, sur certains timbres; on comprenait qu’il y
avait là-bas quelqu’un qui chantait très fort, mais
sa voix restait près de lui, en lui, ou ne le quittait
que pour revenir immédiatement, à son point de
départ. Il vociférait au sens moderne du mot. La
voix de l’autre chanteur était aussi forte, brillante,
pleine et sonore de loin qu’elle paraissait faible et
sans consistance de près. L’église en était remplie
au point que les murs semblaient sonores; la phrase
large et fournie circulait partout, d’une sonorité
concrète et vivante; les moindres articulations,
las Limbres divers se développaient avec facilité et
dans leur pleine expression. C’était la vocifération
vraie; la voix se faisait entendre là où elle devait
être entendue, comme ]a lumière de ces phares qui
semble grandir avec l’éloignement.
J’ai rarement retrouvé au théâtre cette impression
que m’avait donnée la voix du chanteur Faure;
il est peu de voix, dans nos salles de concert et de
théâtre, qui sachen.t s’accommoder sans effort à la