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Chêne. Quercus. Arbres et arbustes

Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Hamamelidae
Ordre Fagales
Famille Fagaceae

Par la magnifique hyperbole qui termine la fable le Chêne et le Roseau, (Celui de qui la tête au ciel était voisine.
Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts). l’immortel La Fontaine nous a vivement fait sentir la puissance et la majesté de cet arbre qui, depuis des centaines d’années, a mérité d’être appelé le roi des forêts européennes. Tellement nombreux sont les écrits de toutes sortes qui lui ont été consacrés par les poètes, les prosateurs et les savants, qu’il ne nous reste qu’à compiler et à coordonner les extraits de leurs études pour faire cette monographie.
Les anciens, dit Mme de Neuville, croyaient que le chêne, né avec la terre, avait offert aux premiers hommes la nourriture et l’abri :
aussi fut-il de tout temps en vénération parmi les peuples. Les païens, le regardant comme le plus noble des arbres, l’avaient consacré au plus puissant des dieux, Jupiter Capitolin, dont il avait ombragé le berceau, en Arcadie, sur le mont Lycée. Suivant les traditions de la mythologie grecque, les chênes étaient le séjour des Hamadryades et des Dryades, nymphes qui protégeaient les forêts.
En Épire, la forêt de Dodone jouissait alors d’une grande célébrité par ses chênes sacrés et les oracle? qu’ils rendaient. Des prêtresses interprétaient ces oracles, soit par le moyen du chant des colombes  achées dans le feuillage, ou par le bruissement de leurs branches. Les vainqueurs des jeux olympiques recevaient pour prix de leur adresse, de leur courage et de leur force, une couronne de feuilles de cet arbre. A Rome, on en tressait des couronnes civiques pour servir de témoignage à la bravoure des soldats. On couronnait aussi de chêne ceux qui avaient conservé la vie à des citoyens. Chez les Goths, le chêne était l’arbre de la force et de la victoire.
Il est évident que c’est dans les Gaules que le chêne fut surtout un objet d’admiration, de respect et de crainte. Nous en avons la preuve dans  l’étymologie de ses noms français et latin, qui sont tous deux d’origine celtique. Chêne vient de cen ou chen, beau, en sous-entendant wen, arbre, et quercus, de kaïr et quez : bel arbre.
Les Celtes rendaient le culte divin au chêne et en faisaient l’emblème de l’hospitalité. Il couvrait les mystères des adorateurs d’Odin et de Teutatès, et leurs prêtres, les Druides, armés de la serpe d’or, y allaient détacher une fois l’an, au sixième jour de la lune de décembre, le gui de chêne, plante parasite qui s’attache à cet arbre ; ensuite, ils plongeaient la branche dans l’eau lustrale, en criant : Au gui l’an neuf!
Dans. son recueil des chansons populaires du Canada, M. Ernest Gagnont nous a raconté au long l’histoire de cette cérémonie, dont un de nos chants, la Guignolée, qui nous vient de France, est un souvenir direct.
Le fruit du chêne, le gland, a une saveur tantôt amère, tantôt agréable, selon l’espèce qui le produit. Dans certaines contrées, on le donne en nourriture aux pourceaux. Avant que la culture des céréales fût aussi développée qu’elle l’est de nos jours, les glands doux servaient à l’alimentation des pauvres. On dit même que les Espagnols les mangent grillés comme des châtaignes.
Mgr Kneipp a fréquemment recommandé le café de gland ; il lui reconnaissait de grandes « qualités hygiéniques et alimenteuses ».
Bien que le chêne soit un arbre des chmats tempérés et qu’on ne le trouve sous les tropiques que sur les montagnes élevées, nous n’en avons ici que quelques espèces ; elles atteignent rarement plus de 80 pieds de hauteur et trois à quatre pieds de diamètre, tandis  qu’aux États-Unis, et en Europe surtout, ces arbres prennent des proportions phénoménales. Des auteurs, notamment Pline, parlent de chênes mesurant plus de trente pieds de tour ; d’autres vont plus loin et nous citent de ces colosses dont le tronc avait trente pieds de diamètre et cent trente pieds d’élévation. Étant donné que le
chêne croît avec une extrême lenteur, on peut se faire une idée de l’âge prodigieux de ces énormes végétaux.
De fait, il est prouvé que des chênes ont vécu pendant des siècles. Dans son numéro de septembre 1898, le Strand Magazine, de Londres, reproduit une série de photographies de chênes historiques plusieurs fois centenaires, et qui paraissent encore en assez « bonne santé »
pour supposer qu’ils verront naître et disparaître nombre de générations humaines. Leur longévité extraordinaire leur a permis de rappeler pendant longtemps de touchants souvenirs. Qui n’a entendu parler du célèbre chêne de Vincennes, qui ombrageait saint Louis rendant la justice ? En Angleterre on montre encore le Parliarnent Oak, sous lequel Edouard I, en 1282, assembla ses barons pour leur demander de l’aider à soumettre les Gallois, et à Shrewsbury, le chêne sous lequel Charles II se réfugia après sa défaite à Worchester, en 1651, etc. Son bois est solide et durable. Il est excellent pour le chauffage et recherché surtout pour la charpente et les constructions navales, l’ébénisterie, le charronnage et la menuiserie. Son écorce fournit le tan, employé pour la préparation des cuirs ; elle possède de plus des propriétés médicales qui en font un des succédanés du quinquina.
Ses principes astringents font encore qu’à l’extérieur elle peut rendre de nombreux services. C’est sur les bourgeons du chêne ou sur ses jeunes branches qu’on recueille aussi ces excroissances nommées noix de galle et utilisées dans le commerce pour faire des encres et des teintures noires. Enfin, c’est d’une espèce de chêne, le quercus suber, que nous vient le liège dont les nombreux usages sont connus de tous.
Et lorsqu’on songe que ces colosses si puissants durant leur vie, si utiles après leur mort, naissent d’un petit gland, on reste confondu.
C’est ce qu’exprime Lamartine, dans sa superbe poésie « le Chêne », qui commence ainsi :

Voilà ce chêne solitaire
Dont le rocher est couronné :
Parlez à ce tronc séculaire.
Demandez comment il est né.

Un gland tombe de l’arbre et roule sur la terre ;
L’aigle à la serre avide, en quittant les vallons,
S’en saisit en jouant et l’emporte à son aire.
Pour aiguiser le bec à ses jeunes aiglons ;
Bientôt du nid désert qu’emporte la tempête
Il roule confondu dans les débris mouvants.
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l’aile des vents.

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