297 EXAMEN CLINIQUE DES VOIX DES CONCOURS DE CHANT 1906-1908

déplace subitement et disloque l’intonation au moment
où la chanteuse y pense le moins. Il y a quelques années,
une autre voix de ce genl’e, voix naturellement bien
posée, et devant qui s’ouvrnit la plus belle carrière, a
été ainsi rent1·ee; après un an, la voix ne portait plus
que dans le récitatif, par la nécessité d’a rticuler, et se
pelotonnait dans le chant. A11x dt(buLs do la carrière
théâtrale, la voix ne compte plu8 uujou1·d ‘hui. Chez
Mlle 14, la voix, presque aussi belle, s’est comme
luxée en se raccourcissant et cmquo à chaque phrase,
vraisemblablement par uno déformation particulière
des articulations arylénoïdiennes et une disjonction
des synergies musculaires qui concourent à la phonation,
depuis les muscles de la glotte jusqu’à ceux du
voile du palais. Cette belle voix, momentanément perdue
pour le théâtre, ne se remettra que si elle est totalement
redisciplinée dans ses attitudes vocales, physiologiquement
replacée, et aurait à refaire à rebours le
chemin perdu cette année, à se rééduquer, comme font
les bègues ou les tiqueurs.
Mlle 1o. – Se distingue au milieu du concours par
ce fait extraordinaire qu’elle n’accentue pas de toutes
,ses forces les e muets. Voix un peu déplacée, a trop
poussé probablement en poitrine ; craque d’ailleurs
par moments dani; la voix grave, parce qu’elle chante
en poitrine des notes qui devraient rester en voix
libre; la vocalise, le récitatif, portent peu dans le
médium, et la voix prend surtout son timbre dans
l’arrière-bouche; les demi-teintes sont rapprochées, le
passage est également forcé, les notes fortes de la voix
sont assez vides et mal timbrées, mais portent par une
heureuse articulation et un bon geste vocal. Les notes
aigui!s sont mal prises et n’ont pas le brillant et la
chaude sonorité que doit avoir son genre de voix, quan~
celle-ci n’a pas été faussée par une méthode imprudente.
La chanteuse est intelligente et artiste, phrase
et nuance bien, et rachète le vide de sa voix pap son