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LE TÉLÉICONOGRAPHE. Nouvelle application de la chambre claire pour dessiner à grande distance 1869

TÉLÉICONOGRAPHE

Le Téléiconographe. dessins obtenus au moyen de cet instrument.

Le Téléiconographe. dessins obtenus au moyen de cet instrument.

Nouvelle application de la chambre claire pour dessiner a grande distance, par M. Revoil, architecte des monuments historiques.

La science aujourd’hui fait de tous côtés invasion dans les arts, ses applications se multiplient tous les jours. L’usage de l’instrument improprement appelé Chambre claire s’est beaucoup répandu parmi les artistes voyageurs, surtout les architectes. A côté d’avantages très-grands pour la rapidité de la mise en place de l’ensemble et des détails, la Chambre claire a de grands inconvénients. Vus de trop près, les objets se déforment; s’ils sont trop loin, leur projection devient microscopique. M. Revoil, connu par de grands travaux à Montpellier, Toulon et Nîmes, où il a fait avec beaucoup de soin la restauration des Arènes, vient d’étudier à fond l’architecture romane dans le Midi de la France (1). La nécessité d’avoir des dessins exacts dans tous les détails l’a amené à se servir tantôt de la Chambre claire, tantôt d’une lorgnette; puis à combiner les deux instruments en un seul, le Téléiconographe, dont M. Viollet le Duc a publié, dans le Journal officiel du 29 juin, une description qui peut se résumer ainsi : M. Revoil a donné à son instrument le nom de Téléiconographe, ce qui veut dire dessinant les images de loin; il se compose d’une longue vue, dont la plaque dite bouchon d’oeil est armée d’un prisme quadrangulaire et la projection des rayons de l’objet suivant alors les lois d’incidence connues, l’image se projette avec le grossissement obtenu à l’aide de la lunette. Le plus ou moins de grandeur de l’image se règle très-facilement, suivant qu’on éloigne plus ou moins le papier du prisme. L’application du prisme à la lunette ne constitue pas seule l’instrument; il fallait, pour le rendre pratique, construire un mécanisme qui permît d’obtenir sur un pivot fixe et invariable un nombre indéfini de segments verticalement ou horizontalement.

En effet, si l’on veut dessiner un paysage à une distance de trois ou quatre kilomètres, l’étendue de ce paysage ne sera pas renfermée toute entière dans le champ de l’objectif. Pour obtenir ce tracé, il faudra réunir plusieurs segments, soit horizontalement, soit verticalement : l’instrument est disposé de façon à viser tous ces segments sans déplacer le centre fixe de la tige, il faut avoir soin seulement de maintenir toujours une distance égale entre le prisme et le papier, pour ne pas changer les rapports proportionnels et l’échelle de son dessin, et placer des repères sur ce dessin au moment où l’on se dispose à faire pivoter sa lunette pour bien raccorder le nouveau segment de l’horizon avec celui que l’on abandonue.

Ainsi peut on, sans changer le pivot de l’appareil, dessiner un panorama tout entier avec un grossissement considérable. Les applications du Téléiconographe sont nombreuses : cet instrument est nécessaire à toutes les personnes qui prétendent faire des relevés de terrains, aux militaires, aux ingénieurs et aux hydrographes.

L’architecte peut en tirer un secours utile, puisqu’il dessinera ainsi des détails placés à une grande distance, comme s’il les voyait à quelques pas de sa planchette. Le géologue reconnaîtra et reproduira avec cet instrument la forme et les strates des roches inaccessibles, des terrains les plus éloignés.

A la distance de trois, de cinq cents mètres, il est facile de dessiner et d’indiquer le modelé d’un bas relief, d’une statue avec la plus entière précision, et comme si ces objets étaient placés à quelques mètres de l’oeil, beaucoup mieux même, puisque la déformation perspective est moins sensible à mesure que l’on s’éloigne des objets.

L’Empereur s’est intéressé aux différentes applications du Téléiconographe, il a voulu deux fois voir l’inventeur opérer sous ses yeux, et une commission d’officiers d’État-major l’étudie au point de vue de la topographie. La marine s’en occupe également. Le dessin que nous publions montre bien les avantages de l’instrument, l’oeil à égale distance du papier dans les deux cas; il en dit plus que tous les éloges que nous pourrions ajouter.

PAUL NICOD.

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