12 L’ENSEIGNEMENT DU CHANT ET LA PHYSIOLOGIE

respiratoire ne fait pas des chanteurs, elle peut
empêcher qu’on en défasse.
Et ou en défait beaucoup. On me l’a dit: cc Pensez-
vous qu’une élève va devenir une Patti parce que
vous lui apprendrez comment sont faites ses cordes
vocales? » Certainement non, et personne ne l’a
pensé. Ni la médecine, ni l’enseignement du chant,
n’ont réussi à faire une seconde Patti; mais combien
de Patti ont été fauchées en herbe, si je puis dire,
on peut le supposer; et si tant de belles voix se
trouvent détruites tous les ans, le doil-on à la
médecine, qui n’intervient que quand le mal est
fait, ou à l’enseignement du chant, qui les a prises
intactes et les a mutilées? On ne fait plus de Patti,
mais on en défait; et cet enseignement cherche à
en arrêter la destruction.
Il ne faut pas se dissimuler que la création de ces
conférences courtes et espacées n’est qu’un limide
essai de redressement des idées courantes et que
nous avons une forte pente à remonter. Ce qu’on
appelle en général des idées courantes sont des
idées dormantes. Je vous ai montré comment, aux
Beaux-Arts, où l’enseignement scientifique est relativement
accessoire, il existe néanmoins depuis un
siècle, il est quotidien, distinct de l’enseignement
artistique et confié à des savants. Au Conservatoire,
où cet enseignement devrait être fondamental, puisqu’il
s’agit en réalité d’une mise en pratique d’exercices
physiologiques, il n’existe pas, ou très raréfié, et
il êst de plus confié à des professeurs qui ont appris
la physiologie tout seuls, ou ne l’ont pas apprise du
tout. Or, on s’est ici tellement habitué à voir celte
physiologie enseignée par des artistes, qu’il semble
déplacé qu’un physiologiste songe à s’en mèler.