13 L’ENSEIGNEMENT DU CHANT ET LA PHYSIOLOGIE

Beaucoup de professeurs de chant, je le reconnais
avec plaisir, se sont attachés à l’étude physiologique
de la voix ; mais, comme je le disais tout à l’heure,
la physiologie ne s’improvise pas; elle exige d’autres
études. Il est ainsi arrivé que d’excellents professeurs
de chant, mailres cl en possession complète
de leur art, traduisent parfois leurs observations les
plus fortes en une langue pseudo-scientifique
pleine d’équivoques et cl’ erreurs et qui, fût-elle
même absolument correcte, aurait toutes les chances
d’être mal comprise par des élèves non préparés.
Les plus heureux de ces maîtres se sont attachés à
se pénétrer directement des théories classiques de la
respiration, et de la phonation, et de l’audition. Or,
ces théories sont caduques, il faut le reconnaitre.
La grande théorie de Helmholtz, qui a régné pendant
soixante années et a fourni sa base à une théorie
musicale et physiologique, qui a inspiré la théorie
de la phonation, est actuellement en train de disparaître
de l’enseignement classique. C’est tout un
pan de mur de l’édifice physiologique qui s’écroule.
La théorie classique de la phonation et de la respiration
comporte aussi des erreurs considérables
et fondamentales que j’ai plusieurs fois signalées 1
•
On ne voil donc pas où les professeurs de ch,ant1
pourraient puiser cles notions scientifiques précises
et utiles. Ils restent donc empiriques, et c’est ce
qu’ils doivent faire. Le malheur est qu’ils aient la
mission d’enseigner et de faire pratiquer cette physiologie
indispensable.
1.. Sur la. phonation. Presse médicale, 3 oct: 1896. – Remarques
sur la. phonation. Soc. franç, de laryngologie, ma.i 1898. – Une
théorie de la. voix. Rev. scientifique, 18 juillet 1903. – Contrésens
physiologiques. Revue des idées. 15 oct. 1\JO~.