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LE PORTUGAL FOYER DE CULTURE FRANCAISE PAR ROBERT LANGE (1953)

25 Avril 1953

Nous venions de parcourir Lisbonne, d’être étonnés par les dimensions de ces larges avenues bordées d’immeubles somptueux et plus encore par ces petites rues en pente qu’escaladent des maisons aux façades coloriées.
Au bord du Tage, nous voyions circuler les marchandes de poisson portant leurs grands paniers en équilibre sur la tête. Nous remarquions aussi ces estaminets où, dans la rue, on vend ici du « vin vert » et là, des ananas. Nous avions le sentiment d’être très loin de la France. Et pourtant, après une course d’une dizaine de minutes, je découvris que j’étais sur le territoire spirituel de la Haute-Garonne, puisque c’est à l’Académie de Toulouse que se rattache le lycée Charles-Lepierre, lycée français de Lisbonne. Le nom qu’il porte
lui fut donné en mémoire d’un Français qui, après avoir été, à l ‘Ecole de physique et de chimie de Paris, l ‘élève de Pierre Curie et de Duarte Silva, citoyen portugais, estima que le souffle pédagogique devait franchir les frontières et décida de s’installer au Portugal, où, il y a moins de vingt ans, il constitua le  Collège  français du Pateo do Tijolo.
Le développement du lycée français dont la création fut déridé par M. Joxe lorsqu’il était directeur général des relations culturelles,  a été extrêmement rapide.
Il groupe plus de onze cent élèves répartis entre dix-sept nationalités.
Il a été édifié  sous la direction de deux architectes français: MM. Cuminal et  de Groer, sur un terrain de 20.000 mètres carrés. Construit en pierre de taille, agrémenté d’un revêtement rougeâtre  fort plaisant, ce bâtiment, de 125 mètres de longueur, est une harmonieuse combinaison des techniques françaises les plus modernes et de l’art portugais le plus authentique. De jolies mosaïques bleues éclairent le jardin d’enfants. Les bâtiments ont été orientés de façon à faire bénéficier la presque totalité des classes du soleil du matin. Et des dispositions ont été prises pour que les très larges baies qui éclairent chaque classe soient, dans leur partie supérieure, munies de stores permettant de tamiser les rayons du soleil, selon les jours et les saisons. Des plafonds inclinés
diffusent la lumière qu’ils réfléchissent et assurent, en même temps que les murs teintés de vert, une ambiance reposante.
L ‘inauguration a eu lieu à la fin de novembre dernier, en présence de M. André Cornu, secrétaire d’Etat aux Beaux-arts.  AUSSI bien,  le Lycée français … n ‘est qu’un des maillons de la chaîne qui unit, sur le plan culturel, la France et le Portugal, où l’étude de la langue française est obligatoire pendant cinq années. Il est juste de dire que l’Institut français, que dirige M. Pierre Fourcade fait au Portugal un travail excellent, organisant des cours de langue et de culture, des conférences, des tournées théâtrale ..
Porto et dans la grande ville·universitaire de Coimbra. (….)  chez le professeur Gonçalves Pereira, directeur de l ‘Institut supérieur des sciences économiques et financières, et chez le professeur Reynaldo dos Santos, président de l’Académie des Beaux-arts.
Ce dernier, à la fois grand artiste et grand médecin, est docteur honoris causa de quatre universités françaises, de deux au titre des lettres et de deux au titre des sciences. L’an dernier il présidait le Congrès international de l’histoire de l’art; cette année il va présenter  le Congrès international de chirurgie.
Mais ce n ‘est pas cette seule élite cultivée qui, au Portugal, témoigne de la sympathie pour la France. La ferveur de l ‘accueil que le peuple de Lisbonne fit à la délégation française venue précisément à l’occasion de l’inauguration du lycée fut touchante. Lorsque, escorté par deux escadrons de cavalerie sabre au clair et plumet au vent, M. André Cornu, qu’accompagnaient  M. A. Parodi, secrétaire général du Quai d’Orsay, MM. Bouisset, directeur du cabinet du ministre de l ‘Education nationale, et Charles Lucet,  sous-directeur des Relations culturelles, ainsi que notre ambassadeur, M. Jacques Dumaine,  se rendit au palais présidentiel, le cortège fut salué aux cris de « Vive la France !… ».
Et quand le général Craveiro Lopes, président de la République portugaise, eut a répondre au secrétaire d’Etat aux Beaux Arts, c’est en français qu’il s’exprima.

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SALAZAR : DES PRINCIPES UN HOMME PAR DANIEL-ROPS

Au moment où le Portugal va célébrer, avec une joie et une ferveur compréhensibles, le vingt cinquième anniversaire d’un régime qui lui a assuré, après un redressement admirable, un quart de siècle de prospérité et de grandeur, la presse du monde entier dénombrera les résultats concrets, économiques, sociaux et politiques acquis en ce laps de temps. Ce sera justice, car il n’est pas rien pour un peuple – la France en fait assez douloureusement l’expérience a contrario que d’avoir un budget équilibré, une monnaie saine, un niveau de vie étale, un pouvoir d’achat constant. Mais, pour l’historien qui essaie de rattacher les événements à leurs causes, il est encore plus important de comprendre de quels principes procède cette réussite, et, puisque, aussi bien, le Portugal d’aujourd’hui’ porte les traits d’un homme, selon quelle nécessité intérieure ces principes animent cet homme ou, pour mieux dire, s’animent en lui en le président Salazar.
Cette analyse des principes est d’autant plus nécessaire qu’une erreur a été assez répandue, et parfois par des esprits de bonne foi insuffisamment renseignés. Lorsque le cher Bernanos, mettant pêle-mêle dans le panier de ses  fureurs sacrées tous les maîtres du monde contemporain, et Staline, et Hitler, et Mussolini, et Franco, y ajoutait avec dédain « le petit dictateur portugais », il commettait une injustice. Et c’est Précisément en discriminant bien les principes du Portugal Salazarien de ceux des autres régimes qu’on peut saisir son originalité foncière et marquer sa primauté. (…)

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