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En Artois. Documents de la Section photographique de l’Armée française (fascicule 9) Images de la première guerre mondiale 1914-1918

La partie de l’Artois représentée ici ne comprend qu’une bien petite zone de cette province, à peine dix kilomètres dans sa plus grande étendue. Mais sur cet étroit espace ont eu lieu quelques-unes des batailles les plus sanglantes de la grande guerre ; théâtre illustré déjà par une campagne célèbre. C’est là que Condé remporta sur l’armée espagnole la victoire de Lens. L’emplacement marqué par une pyramide, où se tenait Condé, fut le centre des combats.

LA GOHELLE

Cette région est aux confins de la vaste plaine de Gohelle qui s’étend entre Arras, Douai, Béthune, la banlieue de Lille et les hautes collines de l’Artois, entre lesquelles s’ouvrent les vallées naissantes de la Scarpe et de la Deule. La plaine, jadis purement agricole, dont le grand peintre Jules Breton a rendu avec tant de charme la somptueuse placidité, où les cultures couvrent des ondulations semblables à la grande houle de la mer, est devenue un des plus grands foyers de travail de la France entière, en moins de cinquante ans. On y a découvert le prolongement du bassin houiller d’Anzin. Les couches de houille puissantes et étendues ont fait naître autour des puits à charbon des centres de population qui seraient partout ailleurs de grosses villes. Lens, humble cité où le ruisseau de Carency, devenu la Souchez, preq_d le nom de Deule, a maintenant plus de 31.000 âmes. Liévin en a 29.000, BillyMontigny 8.000, Hénin-Liétard 18.000. Tous ces centres, reliés par d’anciens villages, par des corons (cités ouvrières de mineurs)
constituent une gigantesque agglomération. Le ruisseau de la Deule est devenu un canal dont le mouvement est supérieur à celui de beaucoup de grands ports maritimes. A la grande ligne de chemin de fer d’Arras à Dunkerque viennent aboutir, avec Lens pour gare centrale, les voies ferrées d’un réseau extrêmement dense. Chaque bourg est lui-même le point de rayonnement de plusieurs voies ferrées.
La France tirait de ces régions de Lens et d’Anzin la plus grande partie de son charbon ; on comprend donc comment les Allemands ont été amenés à s’installer dans le bassin houiller.
Non seulement ils disposaient de chemins de fer admirablement conçus, mais ils pouvaient encore continuer l’exploitation des mines, et surtout priver l’armée et l’industrie françaises du précieux combustible. Toute la partie orientale du bassin, de Lens à La Bassée et à Douai, est ainsi occupée par les Allemands, mais nous conservons et exploitons la plupart des fosses des mines de Béthune et de Noeux, très considérables, et d’autres concessions également importantes, telles c ~les de Marles.
Beaucoup de puits sont exploits sous le feu même de l’ennemi.
Les Allemands ont donc intérêt à nous enlever ces ressources.
De notre côté, la reprise des mines de Liévin, de Lens, de Courrières, de Drocourt, de Dourges, de Carvin, etc., serait un très grand succès.
De là cette sorte de cristallisation de la bataille dans une contrée en somme restreinte, alors qu’il semblerait plus naturel de dégager ou occuper Arras ou Lille. Le centre principal de l’action a été le vallon de Carency où naît la Deule, sous le nom de ce village. Il y a 3 kilomètres à peine de Carency au village plus important de Souchez, que traverse la grande route d’Arras à Béthune; le ruisseau en prend le nom. Sur cette profondeur si réduite, se sont livrés de formidables assauts au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, qui s’avance en promontoire au-dessus de la plaine avec, sur son flanc su~, le bourg d’Ablain-Saint-Nazaire et, devant son éperon terminal, Angres et la vaste agglomération de Liévin.
La lutte s’est étendue dans la direction d’Arras jusqu’aux abords mêmes de la ville, et, de ce côté, a atteint toute son intensité autour du village de Neuville-Saint-Vaast. Au nord, une bataille importante a été livrée autour du village de Loosen- Gohelle se rattachant à une autre bataille soutenue par nos alliés ‘anglais. Nous avons gagné beaucoup de terrain de ce côté depuis Vermelles, à 5 kilomètres au nord-ouest de Loos mais Loos est le dernier centre que nous ayons pu atteindre dans la direction de Lens. La grande cité minière reste toujours occupée par l’ennemi, et le centre de leurs
communications.

CARENCY

Carency. a été le point de départ de nos opérations; ?es le m~is de décembre 1914, nous avions tente d’enlever ce village assis sur une pente escarpée, dans un vallo~ étroit, et dont les Allemands avaient fait une forteresse fo~dable. nous ne pûmes l’aborder à ce moment ; l’ennemi, 9u1 ne cessait de renforcer cette position, la considérait comme imprenable. Tant qu’il en était maître, tant que le massif de Notre-Dame-de-Lorette était occupé par lui, toute avance dans la direction de Lens, toute communication entre Béthune et Arras étaient impossibles.
Pendant tout l’hiver, nos soldats ont préparé l’attaque par la création de tranchées, de boyaux qui nous permettaient d’arriver à proximité de la fortification. Enfin, au mois de mai, on jugea le moment venu; Carency, Ablain-Saint-Nazaire,
Notre-Dame-de-Lorette, Neuville-Saint-Vaast, devinrent le théâtre d’une bataille gigantesque, moins peut-être par les effectifs engagés, d’ailleurs considérables, que par la puissance de l’attaque et la merveilleuse ardeur de nos soldats. En quatre jours, du 9 au 12 mai, Carency et son voisin Ablain-Saint-Nazaire furent enlevés; du 9 au 15 mai, on lutta à Neuville-Saint-Vaast;
du 9 au 22 mai, on se disputa la possession du massif de Lorette. Sur chaque point le. succès couronna nos efforts; mais 1 depuis ce moment, l’ennemi, ayant amené des forces considérables, j nous n’avons pu atteindre encore Lens, bien qu’en septembre ~ nous ayons occupé la plus grande partie de Souchez, les pentes entre Notre-Dame-de-Lorette et Angres et un terrain assez vaste au nord-est de Neuville-Saint-Vaast.
Les planches 1 à V sont consacrées
LOOS-EN-GOHELLE

Aux environs de Loos-en-Gohelle, village demeuré agricole, bien qu’habité par de nombreux mineurs;
mais à 1.500 mètres à peine commencent les corons, ~ont beaucoup sont plus étendus que des villes. Les rées régulières de petites maisons sont disposées sur des rues tracée~ au cordeau, à la façon des villes américaines. Ces ~ubes. d~ bnques rouge:, entourés de jardins, sont autant de bast~ons is~les ont la muplicité, sur des longueurs dépassant parfois un kilomètre, offre a la défense une fortification toute préparée. Ces corons se flanquent mutuellement et, par leur multiplicité, expliquent comment nos efforts sont venus se briser aux abords m;mes. de Lens, notre objectif. Le village de Loos, lui-même, avait éte t:ansfonne par les Allemands en forteresse : il a été enlevé apres une attaque superbe par nos al l1″es et par nous .’ mais ‘ pendant la batailled,r ce qui avait pu échapper au bombardement a été rédwt en cen es.

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