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LES CYPRIPEDES. Plantes des prés et des bois.

Famille des orchidées. — 1° Cypripède acaule, Cijpripedium acaule ; 2″ Cypripède pubescent, Cypripedium pubescens ; 3° Cypripède remarquable, Cypripedium speclabile ; 4° Cypripède blanc, Cypripedium candidiim. Bois humides.

Les cypripèdes fleurissent d’ordinaire aux mois de mai ou juin, sauf le cypripède remarquable qui attend le mois de juillet. Et c’est « sous les bois remplis d’ombre et de mélancolie », au-dessous de l’épaisse feuillée, que l’on rencontre ces fleurs singulières, mais si jolies que vraiment je ne sais trop quels termes choisir pour en parler. Il me faudrait un vocabulaire de mots délicats et charmeurs, de mots colorés et très doux, de mots chatoyants et évocateurs, puis la maîtrise d’un Parnassien pour les sertir comme des diamants en des bagues, ou pour en ciseler des phrases qui seraient comme la vision de la fleur, des phrases qui vous donneraient l’illusion du paysage qui l’entoure, et vous feraient entendre les harmonies qui flottent dans l’air, pendant qu’elle présente son urne aux caresses des brises. Mais quel est le parfait ouvrier qui se chargera de parler ainsi ? En attendant qu’il se trouve, faisons plus ample connaissance avec les Cypripèdes.
Les savants vous diront que ce sont des plantes aux fleurs irrégulières ; car elles n’ont pas de corolles ; que ce qui ressemble à cet organe n’est qu’un calice à six divisions, et ils leur donneront le nom de périanthe ou enveloppe florale. Ce ne sont que des grands mots pour dérouter les pauvres profanes comme nous, qui ne voyons dans les fleurs qu’une fête pour la vue. Cela heureusement ne change rien à la beauté des créatures végétales. Les savants sont des êtres étranges qui ne voient dans les plantes que ce que nous n’y voyons pas. Parfois ils nous apprennent des choses surprenantes, merveilleuses même, mais parfois, ils dépoétisent les plus mignonnes filles des bois.

Renvoyez-les pour le moment à leur floroscope.
Regardez les fleurs avec les yeux d’un amant, subissez-en le charme attirant, laissez-vous gagner par l’admiration qu’elles feront naître en vos sens et moquez-vous du bagage scientifique d’autrui.

La tige des Cypripèdes n’est pas très haute ; les feuilles sont elliptiques et peu remarquables. En revanche, la fleur est grande et de couleur blanche ou jaune, ou rose, ou d’un blanc strié de rouge.
Leur partie inférieure a la forme d’un sac ou d’une bourse. Le tissu en est luisant et ressemble à du satin.

A première vue, on dirait une sorte de soulier fabriqué par des anges pour des êtres surnaturels. Le peuple n’a pas manqué de saisir ce rapport et il lui a donné, selon les pays, les noms de souliers de Vénus, Ladies slippers, ou sabots de la Vierge. C’est ici le moment de remarquer que lorsqu’il existe une ressemblance quelconque entre certains organes d’une plante et un article d’usage journalier, le peuple leur applique toujours le nom de l’article en lui ajoutant celui de la Vierge, d’un saint ou même du diable.
C’est ainsi que nous avons relativement à Marie, les noms populaires suivants : Sabots de la Vierge, Gants de Notre-Dame, Jarretières de la Vierge, Cierge de Notre-Dame, Chemise de Notre-Dame, Herbe à la Vierge, Herbe au lait de Notre-Dame, Violette de Marie, etc.
Le peuple témoigne ainsi de la grande vénération en laquelle il tient la mère de Jésus. Il lui dédie ces végétaux et semble croire qu’ils ont été créés pour l’usage de la première Dame du paradis.
Naïve et touchante idée qui nous démontre combien le sentiment poétique est développée chez les êtres simples.
Les Cypripèdes feraient dé jolies fleurs de jardin si leur culture n’était pas si difïcile. Toutes les plantes de la famille des orchidées, d’ailleurs, exigent une terre de bruyère presque pure, de l’humidité et peu de soleil. Ces plantes sont très rares en France, et on ne rencontre pas toutes les espèces. Ici même, en cette province, il commence à en être de même, et si nous n’y prenons garde, avant longtemps, les adorables fleurs des cypripèdes n’étaleront plus leur opulente bourse. Il serait donc opportun que les horticulteurs et les amateurs songeassent à en conserver dans leur jardin.

EXTRAIT de CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS. PAR E.-Z. MASSICOTTE.

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