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LE MUGUET. Plantes des prés et des bois.

Famille des liliacées. — Muguet de mai, Convallaria majallis. Jardins et bois riches.

J’embaume les lieux où je crois
Et le muguet à mon front blême
Met des perles — comme les rois
N’en ont pas à leur diadème.
A. Spinelli.

Un jour du mois de juin 1899, en compagnie de trois botanistes amateurs, nous avons parcouru tous les sites intéressants du coteau qui s’étend au nord des Trois-Rivières.
Après avoir admiré le parc Vanasse, le cap à la Corneille, le minuscule lac Cressé et bien d’autres endroits chers aux Trifluviens, nous revenions tout joyeux, avec chacun notre moisson de fleurs
sauvages, lorsque nous fûmes arrêtés par un souffle de parfum qui nous enveloppa. Et ce parfum ne nous semblait pas inconnu, mais quel pouvait-il être ? Aucune des plantes qui croissaient à nos pieds ne pouvait le produire.
Cependant, chaque vague de la brise, en se succédant, nous apportait une part de cette délicieuse odeur et nous en inondait. Les fleurs dont elle provenait ne pouvaient être loin. Nous nous avançâmes dans la direction du vent. A quelques pas devant nous, sur le bord d’un sentier, nous aperçûmes une surface d’une dizaine de pieds entièrement couverte d’une nappe épaisse de jolies feuilles vertes, ovales lancéolées, au-dessus desquelles on voyait « poindre silencieuses et parfumées les cloches de satin du muguet ». Ce fut une fête.
Oh ! les « blancs muguets couleur de lait », comme nous en avons cueillis. Ils nous semblaient plus odorants que ceux que l’on cultive, ces pauvres égarés.
Nous étions fiers de notre trouvaille. Il y avait de quoi. Nos botanistes : Provancher, Moyen et Orban ne les ont jamais rencontrés ailleurs que dans les jardins, et ici, ils nous offraient leur âme odorante, en pleine forêt, loin des habitations, dans le silence et le recueillement d’une tombée de jour !
Des souvenirs nous venaient. D’abord Théophile Gauthier peignant le Printemps :

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet.
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.

Puis Alphonse Karr disant que cette « fleur a la forme et l’éclat d’une perle, mais d’une perle parfumée ». Chacun citait une phrase, des bribes de vers, au hasard de sa fantaisie. Nous exultions. Nous comprîmes ce jour-là la profonde amitié d’André Theuriet pour cette plante dont il est certainement le poète attitré.
Il est peu de fleurs qui puissent conquérir un admirateur aussi rapidement que le muguet, et nous lui en savons gré.
Jadis le muguet jouissait d’une haute réputation en Allemagne.
Son eau distillée appelée : eau d’or passait pour réparer l’épuisement des forces. Il signifie retour du bonheur.

EXTRAIT de CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS. PAR E.-Z. MASSICOTTE

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