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LA MARGUERITE. Plantes des prés et des bois.

Famille des violarlées. — Violette à feuilles cucuUées, Viola cucullaia.— Violette du Canada, Viola canadcnsis. — Violette jaune. Viola pubescens. — Bois et prés. Mai.

Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants.
Mars qui rit, malgré les averses.
Prépare en secret le printemps…
Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il sifilc à mi-voix.
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Théophile Gauthier.

Que n’a-t-on dit en prose sur les violettes et quel poêle ne les a pas chantées ? On pourrait faire des volumes de ces pages éparses.
Larousse nous dit que « les anciens attribuaient à la violette une origine merveilleuse » et il en est question dans la mythologie à propos
de la fameuse lo.
« Les Grecs et les Celtes, dit-il encore, en décoraient la couche de la beauté et le cercueil des jeunes filles, usage qui s’est conservé en Allemagne jusqu’à nos jours. Les Athéniens s’en couronnaient la tête dans les festins, croyant qu’elle empêchait l’ivresse. Virgile, quand il pleure la mort de Daphnis, nous peint, dans le deuil de la nature, la violette remplacée dans les campagnes par le chardon.
Au moyen âge nous voyons la violette figurer parmi les fleurs destinées par Clémence Isaure à couronner les vainqueurs du gai savoir, et l’historien Froissart faire trêve à des travaux plus sérieux pour mettre en vers le plaidoyer de la violette et de l’oeillet ».
Bien que cette famille de plantes compte plusieurs génies et quelques centaines d’espèces, poussant pour la plupart dans la zone tempérée,
on ne rencontre au Canada qu’une douzaine d’espèces du genre type. Pour ma part, je n’ai trouvé dans mes herborisations que celles que j’ai mentionnées ci-dessus. La violette odorante, la plus célèbre entre toutes, et les pensées (violettes tricolores) ont valu à cette famille son éclatante renommée.
Mais ce sont des aristocrates qui ne veulent fleurir que dans nos jardins et je pense, comme Alphonse Karr, que c’est bien à tort qu’on leur a décerné un brevet de modestie. Il appartiendrait plutôt à nos violettes sauvages, moins favorisées sous certains rapports, mais aussi jolies, aussi mignonnes, vraiment humbles et ne dédaignant pas le sol de l’Amérique du Nord. La violette à feuilles cucullées et aux fleurs d’un bleu clair est très commune ici. Elle égaye nos prés. Les deux autres (la jaune et la canadienne) s’épanouissent de préférence dans la forêt.
La fleur de notre violette canadienne est presque toujours formée de pétales d’un blanc de lait, délicatement veinés de bleu. On ne saurait imaginer corolle plus tentative. Toutes les trois elles apparaissent en mai, ce mois par excellence des plus belles productions du règne végétal.
En médecine on se sert des violettes comme émollient ; on en fait aussi un sirop contre la coqueluche. Provancher assure que « l’infusion des feuilles de la pensée est un remède presque toujours certain pour les « croûtes de lait » des jeunes enfants ».
Ayant commencé cette monographie en citant des vers, nous nous imaginons que nous devons finir de même. Ceux-ci sont de Desmarets de Saint-Sorlin, poète du 17^ siècle, et ont eu bien souvent l’honneur d’être reproduits. Ils ne sont pas à dédaigner pour cela, car ils peignent bien la fleur chérie des poètes :

Franche d’ambition, je nie cache sous l’herbe.
Modeste en ma valeur, modeste en mon séjour ;
Mais si sur votre front je puis me voir un jour,
La plus humble des fleurs sera la plus superbe.

EXTRAIT de CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS. PAR E.-Z. MASSICOTTE

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