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SANG-DE-DRAGON OU SANGUINAIRE. Plantes des prés et des bois.

Famille des papavéracées. — Sanguinaire du Canada, Sanguinaria canadensis. – Plante acaule vivace, à suc rouge, acre ; rhizome couché, émettant une hampe. Une fleur et une seule feuille palmatilobée. Bois riches. Mai-juin.

La première fois que nous vîmes la sanguinaire, nous étions en compagnie de notre confrère et ami, Germain Beaulieu, un entomologiste
distingué.
C’était un bel après-midi d’avril, et nous allions assister à une chasse aux insectes, par désoeuvrement, pour voir comment cela se faisait.
Nous étions sur la lisière d’une forêt en miniature qui longe le coteau, sur la limite sud de Notre-Dame de Grâce, près de Montréal.
Pendant que notre ami retournait les roches isolées et poussait, à chaque capture qu’il faisait, des exclamations de ce genre « Tiens, la Platynus anchemnoides, la Notiophiliis Hardyi », etc., nous errions à l’aventure, laissant notre âme s’imprégner de poésie, notant les délicieuses sensations que nous donne le printemps renaissant.
Tout à coup, nous aperçûmes à nos pieds une dizaine de belles fleurs blanches perçant la couche de feuilles sèches et sales qui recouvrait le sol, étalant leur beauté virginale sur toute cette pourriture humide : débris des splendeurs d’un été disparu.
Nous appelâmes notre ami, qui continuait à faire sa moisson de coléoptères, pour lui demander s’il connaissait cette jolie fleur et il nous apprit que c’était le sang-de-dragon, plante indigène dont nous avions beaucoup entendu parler. Nous l’examinâmes plus attentivement et nous nous aperçûmes que d’une racine rampante et rouge, de distance en distance s’élevait une unique feuille entourant une unique fleur, comme pour la protéger contre les giboulées et les gelées tardives.
La feuille était grande, artistement lobée d’un vert bleuâtre. La fleur, dont la corolle était composée de huit à douze pétales, était d’un blanc absolument pur, tandis que les étamines, réunies en grand nombre autour du pistil, formaient un joli petit bouton d’un jaune orange.
Nous sûmes, par la suite, que cette plante au suc rouge et à la fleur blanche était bien connue des sauvages, qui s’en servent dans leur petites industries, soit pour teindre les piquants de porc-épic en couleurs rouge ou orange, soit pour peinturer des petits paniers de fantaisie. Ils l’emploient encore comme purgatif et émétique et aussi contre les éruptions cutanées.
Comme sa soeur, la fleur de mai, le sang-de-dragon préfère les lieux ombragés, mais par contre il choisit les terrains riches et se prête parfaitement bien à la culture dans les jardins. Détail curieux, le sanguinaire est proche parente du pavot, dont le suc est blanc, et de la chélidoine, dont le suc est jaune.

EXTRAIT de CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS. PAR E.-Z. MASSICOTTE

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