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Abris et tranchées. Documents de la Section photographique de l’Armée française (fascicule 2)

(Artois, Picardie, Soissonnais, Champagne, Argonne, Vosges).
Abris, tranchées, boyaux, etc. – Types de défenses : sapes, mines, fils de fer, chevaux de frise. – Entonnoirs.
Postes d’observation, d’écoute, de guet, de commandement, etc. – Cantonnements, cagnas et baraquements.

LES SECTEURS

La guerre de tranchées qu’est devenue la formidable entreprise allemande, destinée, semblait-il, à tout emporter sous le flot, en apparence irrésistible,
d’armées si supérieures par le nombre et l’armement, nous a valu, en se prolongeant au-delà de tout ce que l’on pouvait supposer, de voir renaître certains noms de petits pays de la vieille France, que l’organisation départementale tenait dans l’ombre. Si la Flandre, l’Artois, la Champagne, la Lorraine parlaient à l’imagination, la Gohelle, le Santerre, l’Argonne, la Woëvre étaient bien ignorés de la grande masse du public. Les voici  soudain revenus, ils s’imposent à l’esprit, ils seront désormais inséparables de ce drame gigantesque dont nous sommes les acteurs et les témoins.
Ces noms vont se retrouver souvent dans ces albums, ils figureront dans les titre de nos planches. Aussi n’est-il pas inutile de donner sur chacun d’eux une courte notice, avant de décrire les travaux qui ont bouleversé le sol pour en faire les boulevards de la défense nationale.

L’ARGONNE

L’Argonne (PL 1, IX, XII, XVI, XVIII) qui revient souvent dans ces photographies n’avait, jusqu’à 1914, qu’une place assez confuse dans les imaginations.
Ceux qui connaissaient l’histoire des guerres de la Révolution savaient que Dumouriez, préparant la bataille qui devait être Valmy, avait appelé cette région de collines forestières les Thermopyles de la France. Le mot de défilé appliqué au passage entre ce bois évoquait l’idée de gorges profondes, de monts sauvages.
Rien ne ressemble moins à la réalité, aujourd’hui surtout que de belles routes et des chemins macadamisés permettent de traverser sans peine le massif au milieu duquel des chemins de fer ont été tracés. Mais entre les mailles de ce réseau de voies carrossables ou fer:é.es, il demeure bien des solitudes sylvaines peuplées de gros gibier, où hantent les loups. Les armées sont venues, des tranchées découpent le sol forestier; sur les croupes, d’innombrables canons sont sans cesse en action. Les arbres abattus par les s~peurs,. fauchés par la mitraille, donnent à la forêt un caractère d mexpnmable désolation. Les bourgs et les hameaux sylvains ~e .la vallée centrale de la Biesme, des vallées bordières de 1 Aisne et de l’ Aire, jadis si heureux d’aspect, ne sont plus que ruines entourées de tranchées et de réseaux de fils de fer barbelés.

L’ARTOIS

L’Artois (Pl. I, II, III) n’est atteint par la guerre que dans une région relativement étroite : la plaine de Lens ou de Gohelle, Arras et ses environs immédiats, la vallée du Crinchon. Mais, dans cet espace restreint, que de sanglantes batailles se sont livrées auprès desquelles d’anciennes luttes célèbres, Lens ou Bapaume, ne sont que des escarmouches.Il dort cent fois plus d’hommes autour de La Bassée, de Loos, de Notre-Dame-deLorette,
de Carency, de Neuville-Saint-Vaast, de Roclincourt et d’Arras, qu’il n’en tomba dans les champs illustrés par le grand Condé et Faidherbe.

LA CHAMPAGNE

La Champagne (Pl. 1, V, VI, VII, X, XV,
XVII, XVIIl) est devenue, de par les communiqués, une région de bien médiocre étendue, alors que c’est une de nos plus vastes provinces. Pour qui suit les événements de guerre, le front de Champagne est une zone fort exiguë, depuis la Suippe jusqu’à la partie du cours de l’Aisne-qui borde l’Argonne.
Là se trouvent des lieux à jamais célèbres désormais : Souain, Tahure, Perthes-les-Hurlus, la ferme de Beauséjour, Massiges.
En tout, 5 ou 6 lieues à peine. Mais Champagne encore est la région de Reims, du côté du Camp de Châlons au sud, du côté de Berry-au-Bac au nord; Champagne est même une grande partie de l’Argonne.

LE SOISSONNAIS, L’AISNE

Dans les communiqués, le nom de la rivière d’ Aisne a été donné au front allongé depuis la plaine champenoise, au pied des escarpements de Craonne, jusqu’au confluent de l’Aisn~ et de l’Oise. C’est une région de la vieille Picardie rattachée par Louis XIV à l’Ile-de-France et qui comprend les anciens petits pays de Soissonnais et de Laonnais. La rive droite de l’Aisne est seule aujourd’hui disputée. C’est un plateau régulier par le niveau, mais extraordinairement déchiqueté par des vallées, des vallons, des ravins prenant naissance à une longue arête, tantôt large table, tantôt mince pédoncule, qu’une route devenue célebre, le Chemin des Dames, parcourt de Craonne à hauteur de Soissons.
Français et Allemands se partagent, selon l’issue des combats, ce pays de belles roches creusées de carrières, devenu pour nous l’Aisne (Pl. VII, VIII, XII, XIV). Sur ces hauteurs se livrèrent d’ardentes affaires qui rendent fameux les noms d’Hurtebise, la Creute, Soissons, Crouy, Moulin-sous-Touvent, Qyennevières et Puisaleine.

LA PICARDIE (Pl. II, XI, XII)

La partie de la vieille province où la guerre est maintenant confinée, est peu de chose auprès de celle qui a vu, dès août 1914, se livrer des batailles qui furent parmi les plus sanglantes. Autour de Guise, de Saint-Quentin, le sang coula à flots ; l’héroïsme français se dépensa sans compter. Amiens fut occupée; l’ennemi semblait près d’atteindre la baie de Somme. Il a été refoulé ; maintenant c’est vers Albert, qu’il a réduit en cendres, près de Péronne, qu’il tient encore, de Chaulnes, de Roye et de Lassigny que se livrent les combats.
Ces divers pays, variés par l’aspect, par la nature du sol, par le climat aussi, ont nécessité quelque diversité dans l’organisation défensive des lignes. La tranchée dans les futaies et les fourrés de l’Argonne n’est pas complètement semblable à celle creusée dans la craie de la Champagne pouilleuse, et celle-ci diffère des galeries forées dans la pierre blanche du Soissonnais, tandis que différents encore sont les boyaux picards qui sillonnent la terre rouge du Santerre – Sang Terre. – Cependant ces divergences ne sauteront pas de suite aux yeux de ceux qui feuilleteront les saisissantes photographies de ce fascicule.

LA TRANCHÉE

La tranchée, dont le nom revient si souvent, est le couloir creusé dans le sol, à ciel ouvert, assez profond pour que l’on puisse y circuler sans être aperçu l’ennemi; souvent on ne peut l’établir suffisamment profonde a cause de la nature molle du terrain imprégné d’eau; la terre rejetée du côté de l’ennemi forme talus et accroît d’ailleurs la protection (Pl. 1). Dans ce talus sont ouvertes les meurtrières, par lesquelles passe le canon du fusil de l’homme sans cesse aux aguets. Dans la tranchée même s’ouvrent les sapes (Pl. 1), que les sapeurs du génie ou parfois ceux des autres a~es creusent. en souterrain: pour aller atteindre les tranchées ennemies et les faire sauter. C’est la guerre de mine, une des plus pénibles de toutes.
A côte des grandes tranchées, que l’on peut comparer à d boulevards, sont des fosses plus étroites, les boyaux. dont le réseau s’enchevêtre d’une façon en apparence inextricable, Quand le sol est résistant comme dans la craie champenoise ou picarde”. on peut donner aux parois un aspect presque architectural (Pl. Il).

 

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