Dernières nouvelles
Accueil / botanique / LES TRILLES.

LES TRILLES.

Famille des trilliacées. Trille dressée. Trillium erectiim, Trille penchée, Trillium cernuum, Trille à fruit rouge, Trillium eriihrocarpum. Bois humides. Mai. (Provancher.)

Nous faisons parfois ce rêve, d’un jardin où nous aurions planté toutes nos plus belles espèces de plantes canadiennes. En conservant, autant que possible, les conditions de lieu, chaque mois notre jardin prendrait une physionomie nouvelle. Les floraisons se succéderaient comme dans les paysages que nous admirons. Tour à tour, certaines fleurs apparaîtraient, d’autres disparaîtraient et le spectacle en serait tant joli que l’exemple ne manquerait pas d’être suivi et l’amour de nos plantes se répandrait rapidement.
Et parmi les fleurs qui réjouiraient la vue, nous n’aurions garde d’oublier les trilles.
Mais nous n’avons pas de jardin et n’en aurons probablement jamais, parce que nous aimons trop les fleurs. En ce monde il ne nous arrive que ce que nous désirons peu. Il nous reste alors le jardin de tout le monde : le bord des routes, les champs et les bois.

Nous en profitons. C’est au cours d’une de nos excursions que nous avons trouvé, côte à côte, les trilles penchée et à fruit rouge. La première aux trois pétales blancs, la seconde aux pétales rosés, striés de rouge foncé.
Elles étaient agréables à voir et nous paraissaient toutes mélancoliques d’être condamnées à vivre et mourir parmi les géants de la forêt : ormes, mélèzes, érables et bouleaux, loin des regards admirateurs des êtres qui leur sont supérieurs… en quelque sorte.
Oh ! disions-nous, comme elles seraient bien à leur place dans un jardin ! Mais voilà, il aurait fallu les surveiller, attendre patiemment la fructification, recueillir la graine, toutes choses qui demandent du temps de l’action, de la volonté, et l’on est si paresseux 1 Alphonse
Karr s’écriait un jour : « Beaucoup de gens aiment les fleurs, mais ne pensent à elles que lorsqu’ils admirent la splendeur de leurs corolles,
ou respirent leurs suaves odeurs. Le parfum s’évapore, les pétales se flétrissent et tombent, et il n’en est plus question jusqu’à la même époque de l’année suivante ». Comme il a raison ! Les trilles tirent leur nom d’un mot latin, trilix, qui veut dire triple, parce que le nombre trois semble les avoir prises sous sa haute et bénigne protection. En voulez-vous la preuve ?
Une tige haute d’un pied environ, ne portant que trois feuilles verticillées ; un peu plus haut, un calice à trois sépales d’un vert sombre
et une corolle pourpre foncé à trois pétales, voilà la trille dressée.

Elle ne manque pas de grâce quoique moins chatoyante que ses soeurs.
Mais bien qu’elle naisse dans le mois parfumé des poètes, ne la sentez pas, car si vous vous imaginez qu’une fleur aussi coquette doit répandre
un délicieux parfum, vous vous trompez complètement. Son odeur est tout à fait insupportable. Contentez-vous de l’admirer sans l’approcher.

EXTRAIT de CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS. PAR E.-Z. MASSICOTTE.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*